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Jay Alansky aka A Reminiscent Drive

Voila venir le temps des survivants. Pour un siècle nouveau, celui qui a digéré la techno facile et le dirigisme des computers. C'est qu'il faudra désormais une culture totale de la chose musicale, comme un sens aigu de la pirouette pour exister. Et c'est exactement là, ce que Jay Alansky a en lui. Depuis toujours, en fait. Depuis le folk décadent et pré-punk des Beautiful Losers, influencé par Kim Fowley et John Cale, dédié à Charles Manson comme à cent autres. Ou depuis «Price of love» le double-album obsédé de Spector, Rundgren et des Beach Boys.

Il y eut, ensuite, via le projet 'A Reminiscent Drive' de la House baléaric comme de l'électro réinventée... Le plus drôle étant comment l'éternel jeune homme mit à genoux avec ce «Mercy street» la critique anglaise et la scène techno, comment «Ambrosia» devint un classique du lounge et de ses compilations. Tout cela sans sample ni ordinateur, en détournant Burt Bacharach, les Résidents ou R.Gottehrer... Inventant ainsi, avant l'heure, le downtempo. Tout cela de la part de celui qui écrivit pour Julien Clerc, Lio ou jil Caplan et offrit aux Innocents leur premier hit.
Jay alansky ne faisait là, simplement, que puiser dans ce juke-boxe géant qui lui sert de cerveau.

Il y aujourd'hui ces «yeux crevés». Avec des faux airs d'album pop. Même si cela est un trompe l'oeil. Oui, «Les yeux crevés »... Tout en éclats de Moog, mutations modales, batteries down-samplées et tempos rampants. Un disque de mood et d'habitudes psychédéliques. Une même mélodie de départ, leitmotiv Wagnerien, qui se développe et s'enroule, avant de disparaître, qui s'accroche à vous comme jadis vous appelait ce squelette en rayons X, sur le premier album de Faust.

C'est qu'il n'est pas interdit d'évoquer, à l'écoute d'un morceau comme « Un maximum de lumière », tout ce rock allemand à l'électronique prophétique, façon Can, Neu ou Amon Duul 2. D'autres penseront- les mélodies ! - Au John Cale d'«Academy in peril» ou à l'Eno de «Taking tiger montain by strategy» , si ce n'est au second Velvet Underground, quand la voix inondée de réverbe vient au premier plan. Quand les arpèges s'imposent. Certains iront jusqu'à rappeler à la rescousse - l'hypnose ! Steve Reich ou Terry Riley. Ou parleront de chillout ou d'ambient dark. S'ils tiennent vraiment à raccrocher cela à leurs vieilles habitudes, celles des années quatre vingt dix ....

Les autres se laisseront prendre à l'émotion, inconscients des références et obsessions. Ou inventeront les images. Au delà de celles proposées par Jay Alansky qui, depuis Jil Caplan ou A Reminiscent Drive, prend en charge tous ses visuels.
Oui, l'émotion' «Les yeux crevés». En monochromes abstraits et contrastes durs. Et en flou artistique. Et visions de fuite. Le film, ensuite, appartient a chacun. Il sera celui, de toutes façons, de notre siècle naissant. Qui, lui aussi, a «Les yeux crevés ». Et avance en titubant.

Patrick Eudeline

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